"La grande aventure, c'est de voir surgir quelque chose d'inconnu, chaque jour, dans le même visage. C'est plus grand que tous les voyages autour du monde."
Alberto Giacometti
"La grande aventure, c'est de voir surgir quelque chose d'inconnu, chaque jour, dans le même visage. C'est plus grand que tous les voyages autour du monde."
Alberto Giacometti
Chaque jour ou presque, j’entends sa venue.
Quotidiennement lors de l’expo, je m’installe à une petite table depuis laquelle je ne vois pas arriver les visiteurs dans cette grande salle baignée par le rythme régulier des pales de ventilateur. Quatre ventilateurs, il faut bien cela tant le puissant soleil de Provence impose son joug. Depuis ma table, le bar témoignant du passé de salle des fêtes du lieu me cache la vue sur les portes d’entrée ornées de vitraux aux armes du village. Pour briser la monotonie des longues journées sédentaires, j’ai installé un petit jeu consistant à imaginer toutes sortes de visages selon la mélodie changeante imprimée par les pas circulant dans la ruelle. Des pas de vacanciers légèrement chaussés, quelques rares talons féminins qui claquent sur les pavés blancs, mais surtout des tongs qui traînent leur semelle avec nonchalance ou joie du farniente, des espadrilles qui cherchent l’ombre précieuse des vieilles pierres et se laissent porter par la magie de cette cité sans âge. Des pas qui passent leur chemin une fois arrivés devant le Foyer des Campagnes : conversations joyeuses, évoluant dans un espace jouxtant le mien mais qui ne le croisera pas; des pas qui s’arrêtent : regards interrogateurs, prenant quelques indices sur la porte ouverte et à l’intérieur de la salle avant de trancher, entrer ou continuer ; des pas plus assurés entrant parfois accompagnés d’un « C’est ici ». Alors se révèlent les visages, alors s’opère la confrontation du rêve et du réel.
Au milieu de ce jeu et de cette danse légère s’est insinuée quelques temps seulement après mon arrivée une petite mélodie atypique, dissonante parmi celles des bipèdes communément admis ; une petite fugue à la fois allègre, nerveuse et appuyée, traînante sur le pavé. Accompagnée d’un souffle haletant, du tintement d’une clochette et du surgissement prompt d’une présence auprès de moi. Un grand chien blanc et noir très maigre, le poil rare par endroits, les oreilles longues et basses. D’emblée il est arrivé vers moi et s’est posté, comme attendant quelque récompense après un jeu, sûr, sans hésitation, calme et direct. Comme s’il était mien, qu’il m’avait quittée il y a quelques instants seulement, et qu’il me revenait. Ma première réaction n’en a presque pas été une. Je l’ai regardé, fixé avec étonnement sans doute. Devant mon absence de mouvement, tout en continuant à accrocher mon regard, il a patienté un peu avant de finalement jeter l’éponge et disparaître aussi rapidement qu’il était arrivé. Le lendemain, j’ai perçu à nouveau son passage dans la ruelle et son arrivée lourde mais assurée. Il est paru à nouveau, tentant la même requête que la veille, et moi restant sur mes positions, toujours surprise, voire chiffonnée. J’ai tenté même de le chasser par un timide « File » sans beaucoup d’effet. Le troisième jour, le grand chien maigre est arrivé sans même me jeter un regard et s’est allongé aux pieds de la table, confiant. De la rue je l’avais entendu approcher bien sûr, en même temps que des parents bienveillants mettaient en garde leur progéniture : « Ne le caresse pas, tu ne le connais pas ». Devant la surprise des enfants le retrouvant à mes pieds, j’ai cru bon de justifier l’illégitimité de sa présence. Une fois partis, agacée, j’ai tenté un nouveau « File » timide, puis un autre, un peu plus sonore. Au second essai il s’est levé d’un bond, m’a jeté un véritable regard de chien battu et tout à une tristesse soudaine, a quitté les lieux. C’est là que j’ai compris sa surdité certaine, liée aux autres signes évidents à présent d’un âge avancé : son poil rare, sa démarche lourde même sous l’emprise de l’enthousiasme, son regard creusé et profond de vieux chien. Qui avait peut-être eu quelque habitude en ce lieu, avec sous le cuir ses souvenirs labiles et sa conscience effilochée. Dès ce moment, il m’a touchée. Bingo. Et j’ai chassé d’un revers de manche mon inhospitalité primaire.
Depuis, lorsque j’entends son pas résonner sur le pavé, j’attends avec impatience de voir surgir le bout de son museau et son grand regard fatigué qui viendra se plonger dans le mien qui l’est un peu aussi. Un regard de chien fidèle qui m’apportera un peu de douceur le temps d’un espace, fugace et éternel à la fois, alors que tout autour m’est étranger parfois, et même étrange. Il s’allongera encore un peu aux pieds de la table jusqu’à la fois d’après, son souffle se mêlera au rythme des pales des ventilateurs, et sous ces flux d’air légers et rafraîchissants, nous serons bien.
Petite promenade dans les rues de Gassin?
La rue longue du village...
La rue du moulin à huile...
La place Deï Barri pour les gourmets avec en prime une vue sidérante sur la baie
L'exposition continue!!! Au plaisir peut-être de vous y croiser!
Sous la chaleur de l'été, les vieilles pierres de Gassin, son charme hors du temps au dépaysement garanti. Un écrin divin pour une expo qui continue durant tout ce mois d'août!
Acrylique sur toile - Série "Entre Guerre et paix" - 60cmx60cm - 2013
L'ombre et la lumière cisèlent l'Instant.
Le peindre, c'est accepter
http://www.vbk-artiste.odexpo.com/
Création de l'affiche de l'exposition: Lucie Kourgousoff
Elle approche, elle approche cette expo au soleil, ou plutôt sous les auspices des vieilles pierres gassinoises!
Au plaisir de vous y croiser si vous résidez ou passez dans ce secteur!
Exposition du 5 août au 30 août
Foyer des campagnes de Gassin
De 10h30 à 14h00 et de 17h00 à 20h00
Autres horaires possibles sur RDV
VBK
06 85 73 06 70
Il est des jours où l'on fait au fond de sa boîte aux lettres des découvertes aussi surprenantes qu'inattendues!
acrylique sur toile - 100cmx100cm - Série "Présents/Absents" - 2013
Pour un aperçu sur l'ensemble de mon travail: http://www.vbk-artiste.odexpo.com/